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FEVRIER 2019 : Le millésime 2018, premières impressions

Et quelques vins dégustés pour vous...

Odoo - Echantillon n°1 pour trois colonnes

Début février 2019 : c’est parti pour une nouvelle année de visites et de dégustations avec en point de mire, le millésime 2018 ainsi que l’évolutions des vins de 2017 et 2016. En guise d’intro, je vous invite à relire l’article de notre Blog intitulé « Voyage en Rhône Nord, octobre 2018 »

Quatre mois après les vendanges, nous voici donc à pied d’œuvre pour une dégustation plus complète du dernier millésime. Même si, ça et là, il y a encore des fermentations alcooliques qui traînent et des malos non déclenchées, on peut se faire une première idée de ce millésime « caliente »

Chaud devant…

L’été nous a proposé un remake de 2017 avec des températures parfois étouffantes et de longues périodes de sécheresse. Heureusement, un printemps relativement arrosé a reconstitué les nappes phréatiques et rendu à la vigne une vigueur bienvenue. Malheureusement, les maladies de la vigne se sont encore propagées dans certains endroits où comme en 2017 le mildiou a fait des ravages (surtout dans le Grand Sud). Fin juillet-début août les températures ont atteint des records et les nuits au-dessus de 20 degrés ont été monnaie courante, ce qui n’est bon ni pour l’être humain, ni pour le matériel végétal… Bref, l’optimisme n’était guère de rigueur, si ce n’est que la vigne étrangement ne souffrait pas trop… Fin août, les températures nocturnes un peu plus basses ont permis à la vigne de terminer son cycle plus ou moins harmonieusement. Les vendanges ont démarré un peu partout, toujours sous une chaleur accablante, afin de conserver un maximum de fraîcheur sur une maturité accomplie. Et nous voici devant les premiers résultats.

Mon impression générale après avoir fait le tour de nos vignerons habituels est très satisfaisante, mais je trouve actuellement le millésime un peu surprenant…

Je suis assis entre deux chaises devant ce vin à deux facettes qui a été malgré tout perturbé par le climat (ce n’est que mon avis) et c’est une sensation difficile à exprimer car, non seulement il s’agit d’une photographie de l’instant, mais en plus d’une sensation évolutive et qui varie d’un vin à l’autre.

Je perçois tout d’abord ce que je nommerais le « cœur du vin », élégant, tonique, plein, long, frais et fruité. Et je perçois aussi une « enveloppe », en attaque et en finale, où une richesse tannique et puissante entoure le cœur, sans percevoir pour l’instant d’intégration entre les deux. Et je me demande pourquoi et comment les deux peuvent coexister ?  Peut-être est-ce juste un moment de l’évolution… et les divers éléments vont-ils se fondre dans un ensemble harmonieux ?  Est-ce une façon originale qu’a le millésime d’imprimer sa marque ?

 

 

Odoo - Echantillon n°1 pour trois colonnes


Les prochaines dégustations nous le diront… Car bien entendu l’élevage est dans sa phase initiale et tout n’est pas en place. Un élevage qui devrait patiner le vin et l’amener sur le chemin de l’harmonie. Auquel cas ce millésime pourrait bien nous réserver de magnifiques surprises. Complètement différent du 2017 en tout cas.

Il faut également noter l’homogénéité de l’année. On retrouve en effet les mêmes caractéristiques, de Cornas à Côte-Rôtie, avec des nuances bien évidemment, mais il semble que la climatologie ait cette fois sévi de façon identique, à l’inverse de 2017 ou la pluviométrie avait avantagé la zone la plus nordiste. La vendange a été plus quantitative aussi, contrairement au Rhône sud où les maladies cryptogamiques ont été beaucoup plus répandues.

En résumé, il semble clair que la trilogie 16-17-18 va asseoir définitivement la notoriété du Rhône Nord, (si ce n’était déjà fait), et d’ailleurs on sent la pression monter sur les approvisionnements et forcément comme je vous l’avais déjà dit l’an dernier, sur les prix. Il est toujours possible de faire de très belles affaires, mais cette possibilité va se raréfier dans les trois ou quatre prochaines années si le marché des vins qualitatifs reste aussi tendu…


Quelques belles bouteilles .......

S’il fallait vous convaincre encore, quelques superbes bouteilles, dégustées avec nos amis vignerons et/ou dans quelques agréables maisons de bouche, démontrent le potentiel absolument impressionnant de ces magnifiques cépages qui peuplent les rives de notre fleuve préféré 😊 :


 

·         Saint-Joseph blanc 2002 « Les Oliviers » de Pierre et Jean Gonon, étonnant de fraîcheur, de jeunesse et de vivacité démontre à suffisance le potentiel de vieillissement de cette appellation méconnue. Marsanne et Roussane issues de vieilles vignes sur Tournon principalement.

·         Hermitage blanc 2017 de Florent Viale (Colombier) (Marsanne d’une quarantaine d’année sur le lieu-dit « les Beaume ») : une véritable friandise jeune… Avec le temps, Il va complexifier ses arômes floraux d’aubépine et genets, et les emmener vers des sensations miellées, cire, rhum, etc.


·         Hermitage rouge 1999 du même domaine : la plénitude de la maturité avec des senteurs mélangées de sang et d’encens, de tabac blond, et un fruit cerisé qui vient ensuite se déposer sur un tapis floral bien engageant ma foi.

Hermitage rouge 1989 de Bernard Faurie : 30 ans et pas une ride… LA bouteille du voyage…une pure merveille d’une jeunesse éclatante, sans l’ombre d’une once de vieillissement, un fruit éclatant, un équilibre merveilleux et une longueur d’anthologie… Que ceux qui en ont encore lèvent le bras, j’achète… à défaut buvez le sans moi… Il a encore au moins 20 ans devant lui mais il est parfait maintenant.

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Odoo - Echantillon n°1 pour trois colonnes

         

          Saint-Joseph 2011 « Quintessence de Rouasses », domaine Vallet : un nez décoiffant qui annonce la maturité d’un vin très syrah (viande rouge, encens…). La bouche est pleine dans ce millésime, mais  nous l’analysons avec Anthony en regrettant qu’il n’ait pas été vinifié en vendange entière, ce qui lui aurait apporté un regain de fraîcheur et d’âme. Belle bouteille à boire dans les 5 ans.

·         Guillaume Gilles ,  Cdr « Peyrouses » 2010 : soyeux et velouté, toujours un peu brut de décoffrage en finale, une syrah à l’ancienne (les vignes sont pré-phylloxériques, complantées et d’origines diverses), bien agréable pour accompagner un plat d’hiver.

·         Cornas « Combe de Chaillots » 2009 : nez typique du millésime, légèrement fumé, ce vin est maintenant assemblé dans le Cornas « Classique » où il apporte de la fraîcheur dans les millésimes chauds. Le Cornas « Nouvelle R » 2017 (jeunes vignes à 400m d’altitude), prêt pour la mise est une véritable caresse pour le palais….

·         Domaine Jamet : c’est accompagnés de Stéphane Vedeau et d’Antoine Dürrbach que nous passons en revue les 2018 et 2017 du domaine… Accrochez-vous aux branches, ça décoiffe…. A détailler plus tard.

Parmi les nombreux vins en bouteilles dégustés ensuite, j’ai retenu :

·         « Vin de Pays 2007 » : 12 ans et pas une ride, du fruit frais, de l’élégance, du plaisir…

·         « Fructus Voluptas 2008 » : personne n’a reconnu ce millésime décrié...Très plaisant, agréable, bel équilibre, longue finale ! La surprise du chef !

·         Côte-Rôtie 1994, « cuvée du 10ème » : une cuvée réalisée avec Jean-Paul pour le 10ème anniversaire des « Vins du Rhône », assemblage des lieux-dits "Landonne" et "Moutonnes", structure riche et pleine, fruits rouges et noirs en pagaille. Ceux qui ont acheté ce vin en 1996 pourront en profiter maintenant et pendant des années encore…

·         Côte Brune 2000 : un infanticide nous dit Jean-Paul… Bien qu’en demi-bouteille, il lui faut 30 minutes dans le verre pour révéler toute sa complexité florale… ce qui nous retardera pour aller manger, fatigués mais heureux….
 

A ce propos, une petite revue des restos où aller vous sustenter dans la région sera bientôt disponible sur ce site.

                                                                                   

                                                                                 @ Pierre Ghysens, février 2019