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Dégustation « diagonale » de Châteauneuf du Pape

Le  Moulin à Vins, 17 avril 2015

 

L’appellation Châteauneuf du Pape est une des premières AOC, un label introduit entre les deux guerres après la fondation de l’INAO sous l’impulsion du Baron Le Roy de Boiseaumarié. Ce juriste de profession était devenu propriétaire du Château Fortia par son mariage. L’objectif d’alors était de garantir la qualité du vin en évitant l’usage des mauvais cépages, des terrains inadaptés, et d’imposer les « bonnes pratiques ». Ces obligations se sont traduites en décrets successifs dont le plus important reste celui du 10 novembre 1966.

Il est résulté de ces efforts normatifs une appellation de qualité certes mais qui concerne un territoire étendu, à la géologie variée et qui permet l’utilisation de pas moins de 13 cépages. La délimitation de la zone d’appellation a d’ailleurs été fortement contestée à l’origine.

Ce petit rappel historique étant fait, il n’est pas étonnant que nos courageux dégustateurs aient été confrontés à un puzzle presqu’insoluble lorsqu’ils se sont embarqué dans l’identification à l’aveugle de 7 vins de 7 millésimes différents.

Les domaines : Beaucastel, Clos des Papes, Clos du Caillou, La Mordorée, Le Grand Veneur, La Janasse et Rayas.












 la mise en bouche : Châteauneuf blanc de La Ferme du Mont 2014.

Malgré sa jeunesse, le vin est déjà très harmonieux. Parfumé, floral il est d’une grande fraîcheur, le bouquet est aérien, légèrement marqué de senteurs de beurre frais. Rondeur et acidité s’équilibrent dans un ensemble tendu et très net. Un très beau vin dès maintenant qui promet de prendre du corps et du gras au vieillissement.
 

Premier vin.

Très aromatique pour un vin méridional. Belle couleur caramélisée. La bouche est coulante, la structure est plus légère que ne laissaient espérer les arômes, mais satisfaisante. Finale sèche et assez courte. L’acidité et les tanins ressortent malgré un alcool modéré. Le vin est en fin de vie, à boire rapidement. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit de La Mordorée « Cuvée Reine des Bois » 2000.

Deuxième vin.

La couleur est plus jeune, plus vive que le précédent. Le nez tout en finesse est d’une complexité distinguée, assez indéfinissable. La bouche est longue, solide, continue sans faiblesse. Cette belle longueur révèle une agréable suavité agrémentée d’épices. En fin de bouche, la fraîcheur s’efface pour laisser place à une légère sensation poussiéreuse assez bordelaise. Clos du Caillou « Les Quartz » 2003.

 

Troisième vin.

Couleur sombre, le nez est marqué par le fumé, le kirsch, la sauvagerie rustique de la vallée du Rhône. La bouche est suave, presque sucrée, volumineuse mais finalement assez courte, elle se referme sur des arômes de cuir, de fumé, de caoutchouc. Un plus long vieillissement pourrait assagir cette bouteille. Domaine de la Janasse « Cuvée Chaupin » 2006.

Quatrième vin.

La couleur est légère, le nez de figues, de réglisse est plutôt bourguignon. La bouche fraîche, relativement acide est délicate et onctueuse. L’impression de vin frais et digeste est très agréable, elle est la marque d’un beau vieillissement. Clos des Papes 1999.

Cinquième vin.

La robe est claire, presque diluée. Le bouquet se dégage immédiatement dans sa complexité : la fraise, la pêche-abricot, la rhubarbe, le marron grillé se distinguent. La bouche, un peu aqueuse est longue et ajoute des sensations chocolatées, de zeste d’orange sanguine qui évoluent vers l’amertume et, finalement, s’assèche. Si la dégustation comportait un vin de l’année 2002 avec ses inondations catastrophiques, il devait être comme celui-ci léger et un peu dilué, mais seul Rayas pouvait réussir une si jolie dentelle, c’était le plus facile à découvrir. Château Rayas 2002.
 

  Sixième vin.

Un vin puissant, très structuré et équilibré. La bouche est longue, volumineuse et nous bouscule après le précédent. En réalité, il est encore trop jeune pour l’apprécier pleinement, il tapisse le palais, sa longueur est impressionnante. C’est ce que l’on pouvait attendre de ce grand millésime et du domaine. Château de Beaucastel 2001.

Septième vin.

Bien coloré, le vin est savoureux, prégnant, équilibré, de belle longueur, c’est bien un Rhône-Sud avec sa mâche légèrement fumée. On regrette que le boisé domine le fruit, il est honorable mais ne restera pas dans les mémoires. Faut-il l’attendre en espérant qu’il gagne plus de caractère? Domaine du Grand-Veneur « Vieilles Vignes » 2007.
 

Un petit extra.

Voici un Châteauneuf étonnamment frais et jeune malgré son âge, pourtant il n’est pas particulièrement complexe ni typique, un peu amer sur la finale. C’est la bouteille sur laquelle les avis sont les plus divergents. Bosquet des Papes « Chantemerle » 1998.

 

Pour conclure.

A la fin de la dégustation, chaque participant a déclaré ses trois favoris, en voici la synthèse :

1.      Beaucastel 2001

       2.      Clos des Papes 1999

                                                                                                                                   3.      Rayas 2002 
                                                                                                                                   

Le 2001 se distingue de nouveau dans la moitié sud de la France. De bonnes années comme 98 et 99 se tiennent bien sur 15 à 20 ans. Quant à Rayas, tout est dit, même dans le pire des millésimes.

 

 

 

                                                                               @ Michel Etienne pour « Le Moulin à Vins », Mai 2015