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Rhône Nord, situation fin février 2020

2019, la révélation ?

Voyage février 2020 Rhône Nord :

Nous étions sur place en octobre pour la fin des vendanges 2019 et le début des vinifications. Nous avions donc déjà eu un tout premier aperçu en dégustant ça et là des vins tout au début de leur vie, en fermentation (alcooliques pour certains, au début des malolactique pour d’autres). Et bien que ce soit là un exercice périlleux et très compliqué, nous avions remarqué certaines caractéristiques structurelles (tannicité, acidité et équilibre potentiels) qui nous avaient orientés vers des pistes étonnantes déjà.

Nous étions donc curieux de voir quelle serait l’évolution après 5 mois. 


Petit retour sur la climatologie du millésime :

 

Un hiver doux mais pas très pluvieux n’a pas permis de reconstituer les nappes aquifères. Heureusement, le printemps relativement frais a quelque peu freiné l’ardeur et le besoin en eau des plantes, et le passage de la fleur s’est déroulé sans encombres et sans trop utiliser les réserves en eau. Le début de l’été n’a donc pas trop mal débuté mais rapidement sont survenues (fin juin-début juillet) de très grosses hausses de température mettant à rude épreuve déjà les vignes les plus exposées à la chaleur torride du soleil de l’après-midi. De plus deux orages extrêmement violents et accompagnés de grêlons de la taille d’une balle de golf ( c’est pour Iraclis la comparaison 😊) ont décimé une grande partie de l’appellation Crozes-Hermitage. La première le 15 juin partant du sud de Saint-Joseph mais dérivant vite vers la Drôme (Roche-de-Glun, plaine des Châssis, Beaumont-Monteux) dévastant en une demi-heure 80 % de la surface de l’appellation et détruisant 50 à 60 % de la récolte à venir. Une deuxième grêle survenue la première semaine de juillet a ajouté une couche sur des terroirs qui avaient été épargnées par la première. Dans d’autres régions, les températures tellement élevées ont carrément « grillé » la vigne en certains endroits. Bref, c’était mal parti….

Heureusement, la suite a été un peu plus paisible, avec de fortes chaleurs certes, mais alternant avec des épisodes permettant au matériel végétal (et à la population) de souffler quelque peu. 

Quelques pluies bienvenues à des moments clés ont aussi aidé… mais là encore tout n’a pas été pareil… de 12 cl d’eau à Cornas (pour tout l’été) à 100 cl sur la Côte-Rôtie, tous n’ont pas eu la même chance.

 



Et les vins, comment se présentent-ils ?

Les vins se présentent sous des aspects divers, leur évolution n’étant pas linéaire. Les vins les plus aboutis présentent un profil doté d’un équilibre remarquable où la combinaison « tannins-alcool-acidité » induit des arômes atypiques de pâtisserie (type gâteau de Savoie) mélangée à des fruits des bois (framboise, mûre) et à une finesse florale salivante où douceur et fermeté se rejoignent dans les finales. C’est la première fois en 35 ans que je goûte cela, d’où la question : mais comment ces vins vont-ils évoluer, où vont-ils arriver ?

Les élevages devront à tout prix préserver la délicatesse de ces jus qui sont incontestablement supérieurs à la plupart des millésimes précédents. Si le produit fini confirme le côté gracile et dentelé que je subodore sous la structure ferme, longue et gourmande… ce sera le Graal !

Maintenant, soyons réalistes : tous les vins de France en général et du Rhône en particulier ne seront pas ce que je viens de tenter de vous décrire, (nous n’avons pas encore le recul des autres régions). Il y aura comme chaque année de tout, et dans toutes les régions. A revoir donc dans un plus large contexte.

 

Détailler chaque domaine n’est pas nécessaire actuellement. Nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard lorsque la période très difficile que nous traversons tous pour le moment sera sur le point de se terminer. Nous pourrons alors reprendre le cours de nos investigations.

 

Prenez soin de vous et de vos proches.

A bientôt je l’espère.

 

 

 

Pierre Ghysens, le 25 mars 2020